La complexité de l'étude formelle des protocoles cryptographique se situe à plusieurs niveaux. Il faut d'abord modéliser les communications qui ont lieu entre les participants, puis définir précisément les propriétés que l'on souhaite vérifier. Celles-ci peuvent être assez simples à exprimer, comme les propriétés de secret, ou très complexes, comme les propriétés de résistance à la coercition dans les protocoles de vote. Le pi-calcul appliqué est de plus en plus utilisé pour formaliser des protocoles cryptographiques. Il étend le pi-calcul traditionnel en permettant aux processus de manipuler aisément des termes dotés d'une théorie équationnelle. On peut par exemple y inclure des primitives pour le chiffrement ou la signature de message, la création de paires de clés privées/publiques, ou toute autre fonction utile pour le protocole à formaliser. Différentes équivalences permettent ensuite de comparer les processus, dont l'équivalence statique qui, intuitivement, exprime ce qu'un attaquant peut déduire d'un protocole à une étape donnée de son exécution. Pour écrire les propriétés à vérifier sur ces protocoles, on a usuellement recours à différentes logiques, telles que les logiques de Hennessy Milner, de Cardelli-Gordon, et de Caires. L'une de ces logiques est la logique spatiale, qui permet de décrire non seulement les communications dont est capable un processus, mais aussi leur localisation au sein de celui-ci. Ceci permet par exemple de distinguer les différents participants d'un protocole. Cette logique apparaît donc comme un point de départ pertinent pour l'étude de protocoles cryptographique. Le but de ce travail était d'adapter la logique spatiale au traitement du pi-calcul appliqué et d'étudier son expressivité, notamment en termes de propriétés de secrets, sécurité, déductibilité, etc. Nous introduirons tout d'abord la logique spatiale du pi-calcul appliqué que nous avons définie, avant de présenter les résultats théoriques d'expressivité obtenus dans ce nouveau cadre (intensionalité, élimination des quantificateurs, ...), qui rejoignent ceux déjà connus pour le pi-calcul. Enfin, nous donnerons quelques intuitions concernant les propriétés de sécurité et de secret qu'il est possible d'exprimer au sein de la logique, notamment en donnant des formules qui caractérisent l'équivalence statique.